The fly on the dream, I hope one day I could forgive

• Loin le monde à ses pieds s'étendait, là, frêle, plus vulnérable à chaque seconde qui s'écoulait. Des rencontres improbables se faisaient, d'autres se défaisaient et n'étaient plus qu'un chapitre d'une histoire. Une histoire parmi tant d'autres qui n'était qu'un grain de sable parmi une plage. Ces êtres inconscients, sculptant tour à tour une emprunte fragile dans ce monde de leurres et de recherche de pouvoir, de trahisons et de mensonges. Ce monde qui un jour fait de vous quelqu'un d'autre, quelqu'un qui s'est un jour laissé porter par son jeu, tel un pion dans une destinée toute tracée. Il aurait voulu rêver, voulu oublier. Survoler son passé pour en comprendre le sens, pour en soigner les plaies. The fly on the dream... cette instance portait si bien son nom... Là haut, perché au plus haut de la montagne, le vent sifflant de son incalculable puissance. Le froid d'hiver rendait le touché difficile, les sensations gelées, le corps froid. Des particules de neige s'étaient depuis longtemps déjà installée sur son pelage brun. Mais il ne l'avait remarqué. Ne ressentait rien. Non, son regard s'était posé loin en contre-bas, dans les horizons lointains. Il observait de ses yeux ambres ce monde, comme il l'avait toujours fait depuis qu'il avait disparu. Une identité nouvelle prise il y a bien des années qui avait fait de lui un être à part entière. Perdu dans des pensées anciennes, calme telle une statue de marbre. Seuls les soulèvement de ses flancs révélaient sa vie. Un souffle versant par ses naseaux et dans l'air froid une fumée de chaleur. • Tourbillonantes ses pensées étaient. Étranges, cruelles et si secrètes elles s'avéraient. La brisure d'une âme, les regrets du sang. Combien de fois avait-il repensé ces jours? Combien de fois les avait-il regrettés, ou s'en était-il soulagé? Il n'en savait rien. Bien qu'il se tenait à dire que sans cela il aurait été quelqu'un d'autre, il ne pouvait imaginer qu'il en soit autrement. Ainsi était-ce donc une destiné? Keïross serra les mâchoires, et frotta ses dents doucement mais avec fermeté. Son regard bougea, la courbure de l'encolure se modifia légèrement, puis se posa plus au loin. Là bas, dans cette direction, se souvenant du jour où il avait foulé pour la première fois les terres que l'on nommait Life Horse. Il se dit que cela ne voulait rien dire. Que la vie s'éteignait aussi bien ici que dans le reste du monde. Certes à certaines heures c'était un endroit peu chaotique, mais les âmes en peine y venaient souvent. Il avait vu, remarqué, écouté. Ces âmes secrètes, au passé tumultueux, ou des histoires incroyables probablement issues de paranormal. Mais rôdeur qu'il était, il ne jugeait pas. Pas plus qu'il ne voulait se faire une opinion toute tracée de ce monde. Après tout, pouvait-il changé, cet univers distant, imprévisible? I hope one day I could forgive... J'espère un jour pouvoir pardonner ce monde qui a trahis les siens, car finalement sans lui, nous ne sommes rien.

• Des bruits de pas finirent par l'extirper de ses pensées, le rôdeur revint à la réalité. Soudain le vent glacial le fit frissonner, et ses muscles par réflexe se contractèrent. Keïross ne regarda pas derrière lui, pas plus qu'il ne regarda autre part que dans le contre-bas. Seules ses oreilles bougeaient, furtives, à la recherche d'indices prévenant de son arrivée imminente. Les bruits de pas se firent de plus en plus proche, et bientôt une émanation de chaleur parvint jusqu'à lui. Le bai brun sourit doucement, dans un hoché de tête. Il fini par dire, d'une manière presque impassible mais pas dénuée de ton, rauque et grave comme était sa voix. « Belle vue n'est-ce pas? » C'est ainsi que son regard se détourna enfin, glissant du contre-bas sur le sol éclatant, vers l'arrière. Le rôdeur accompagna ce geste en modifiant légèrement sa position afin de se tenir dans une posture plus agréable. C'est alors, enfin, qu'il aperçu l'inconnue. Il s'agissait d'une jument assez petite, au corps plus rond que les arabes, au pelage épais et semblant d'une subtile douceur. Une lueur heureuse reflétait dans ses yeux, une lueur que Keïross reconnu sans aucune difficulté, et qui le fit sourire doucement. • Il ne mit pas longtemps avant de se présenter. Les temps changent, devait-il se forcer à changer lui aussi? Ou du moins à pardonner, et de nouveau apprendre? Peut-être, mais quoiqu'il en soit, il savait qu'il resterait à jamais rôdeur, sa véritable nature étant ancrée profondément en lui. « Keïross, enchantée demoiselle. » Il marqua une légère pause, avant d'en savoir plus sur l'individu. « Quel en est le vôtre? » Il regarda de son regard ambré, porteur d'une certaine douceur qui n'était pas très habituelle. Cependant, l'étalon n'était absolument pas porteur de mauvaises intentions. Non, vraiment pas.