Mon enfer personnel, c'est ce corp blanc et musculeux.
Ce que je suis me répugne. Celle que je suis devenus. Comment ais-je bien pu me métamorphoser en jument ? Je me le demande encore. Parfois je rêve, je crois pouvoir surmonter tout cela, pouvoir être heureuse, mais comme toujours il faut se réveiller. Non, plus jamais je ne serais joyeuse, plus jamais je ne marcherais sur deux pieds. Je me sens tellement mal, et savoir que nous sommes plusieurs à nous être fait voler, n'arrange rien à mon délire. La nuit le sommeil m'échappe, le silence devient un supplice. Je me sens prisonnière, retenus dans cette tête mouchetée de noire. Je ne suis pas moi.
Quand je me suis retrouvée enfermée dans "Kalypso", j'ais attérie dans une plaine verdoyante. Un équidé aurait surement estimé être au paradis, pas moi ! L'herbe est tout ce que mon corp désire, voilà pourquoi je la hait tant, elle renforce le gouffre qu'il y a entre Lacey Pitt et Kalypso. Lacey n'aurait jamais désirais de plante pour le petit déjeuner n'est-ce pas ? Il se trouvait que moi je salivais rien qu'à la vue des tendres pousses ! Je détournais dédeigneusement les yeux et m'élançais, dabord au trot, puis au galop. Ma foulée était fluide, et légére. Mes crins tirant sur le doré me tombés dans les yeux, mes jolis yeux noirs et perçants. C'était la seule chose qui me plaisait chez moi. La queue en panache, j'accélérais encore, m'enfonçant à peine dans la terre meuble. Je relevais la tête et soufflais bruyament par les naseaux, j'avais senti un autre cheval, une femelle d'aprés l'odeur. Savoir tout cela avant même d'aperçevoir le dit animal me dégoûta immédiatement.
*Cela non plus je ne savais pas le faire, je ne devrais pas savoir le faire !*
Je m'arrêtais brusquement, creusant de profonds sillages derrière moi. Puis je me redressais et rejettais ma tête en arrière pour me dégager la vue. Ma crinière volla et retomba doucement sur mon encolure, ce que je vis m'ennuya instantanément : comme prévus il s'agissait d'une jument, mais je ne m'étais pas attendue à ce qu'elle soit si proche. Impossible de faire demis-tours désormais, je devais la rencontrer. Je soupirais et l'examinais avec plus d'attention, sa robe lustrée était presque blanche, ses crins au lieux de tiré sur l'or comme moi, allait plutôt vers le gris argenté. Son museau à l'instar sur mien était plus foncé que le reste de sa stature. Je hennis doucement et la vrillais du regard.