RP assez court pour débuter,
mais bien écrit et avec le moins de fautes d'ortho possibles please :)
Vous pouvez venir à plusieurs.


Opportunity



Acier, noir, au cœur des flammes de l'industrie. La haine qui ravage, le mensonge qui incendie, et chaque jour cette gorge cendrée qui en égorgeait d'autres, il y a fort longtemps. Une herbe meurtrie peut renaître, un printemps longtemps attendu un beau jour se révèle, fugace, et les bourgeons remplacent la mélancolie des esprits par la gaieté de ces pluies fraîches et un soleil pâle et timide. Mais un corps usé se fane et tombe en poussières, et sans doute n'est-ce pas là que l'œuvre de substances physiques, mais aussi celle de la noirceur qui crève, et qui creuse, creuse, picore abominablement la chair; sans scrupules, jamais.
Ses sabots ébréchés effleuraient à peine l'herbe froide de ce début d'automne. Comme tout autre endroit sur ces îles, ce petit coin sage et sauvage subissait le rythme véloce des saisons, et s'en accommodait bien. L'eau, matière de ciel gris, à sa surface était une plaque d'argent terne qui clapotait avec une fraîcheur désuette au creux de la roche et de la mousse, là où la cascade déversait ses flots paisibles.
Le poète, assurément, a fui sa contrée.
Et, à peine un spectre de cadavre, Elle occupait la berge, bien qu'on ne put guère distinguer si elle était réellement là ou pas, tant le sombre de sa physionomie torve et cave et la beauté ancienne de ses haillons se détachaient sur cette aquarelle voluptueuse et tranquille.

Et savoir mordre,
non pas à pleines dents,
mais en picorant,
doucement;
Chut ...


La terre bourdonna imperceptiblement sous l'herbe molle, et les vibrations semblèrent se détacher de l'écorce terrestre pour venir se suspendre aux atomes d'oxygène, inodores, inaccessibles, mais profondément neurologique; une Présence autre. Opportunity renversa lentement ses paupières décharnées sur le côté mais demeura aussi immobile qu'une pierre, et tout son corps en avait l'aspect noir et rêche.
Le son cristallin de la voix sonna abruptement dans ses oreilles, et avec elle, toute la grâce et la légèreté d'une démarche qu'elle ne faisait pourtant que sentir. Sa mâchoire crissa à peine entre ses joues sèches, elle attendait l'échéance parfaite, le moment indiqué, la respiration choisie; un, deux, quelques pas, hanches creuses décalées subtilement; elle fit face à cette douce fleur qui avait surgi dans l'univers plausible de cette cascade féérique. Et comme s'ils la fixaient depuis déjà de longues minutes de dos, ses yeux noirs crevèrent sans préambule la surface délicate des pupilles de la blanche. Des yeux durs semblables à aucune matière existant dans ce monde, aucun atome, fer, acier, cuivre et zinc n'étaient rien en comparaison de ce regard inchangé au cours des années, un regard que la vieillesse, contre toute attente, n'avait pu atteindre comme elle l'avait fait pour le reste du corps. Noirceur.
La Princesse Noire, avait-on dit d'elle auparavant. Tant et tant de surnoms chimériques avaient ornées ce corps et ce regard il y a bien longtemps.
Le creux d'un rictus fissura à peine le coin aride de ses lèvres, elle était comme un spectre plus dur qu'une roche, une existence indécente.
Les courbes rondes et blanches, l'œil clair et brave et le crin pulpeux, elle décela tout sans la quitter des yeux.

- Bonjour, avait-elle seulement dit dans sa volte-face, un bonjour sous lequel se tramait mille et une choses qu'on ne pouvait deviner mais qui ne pouvaient tout simplement pas signifier un bonjour. C'était un bonjour doucereux, sifflé comme de la bouche d'un serpent, éraillé par cette voix usée, mais où trônait encore la noire douceur d'un dessein ironique.

Les yeux d'Opportunity fusèrent alors vers la droite, l'espace d'une seconde, elle comprit. Qu'elles n'étaient guères seules.

L’étalon gris observait en silence, il y avait deux juments ici. Enfin, c’était les odeurs qui lui permettait de penser ça. Avec le maximum de discrétion, il déplaça ses membres très lentement, effleurant la flore avec douceur, sentant l’humidité et la fraîcheur de la terre sous ses puissants sabots. L’une des deux était blanche, l’autre était noire, et de dos à la première. Remember Me les observa, les oreilles bougeant dans tous les sens, captant chaque bruit, chaque parole, chaque murmure. L’étalon plissa les yeux. La jument noire fit volte face, de façon à se retrouver yeux dans les yeux avec la blanche. Elle prononça un simple bonjour. Sa voix évoquait à Remember le souvenir des loups. Au plus profond de son crâne, sa conscience lui hurlait de déguerpir. Non. C’était un équidé, et il n’y avait aucune raison d’avoir peur. Mais Remember frissonna tout de même. La noire avait du sentir son odeur, car sa tête pivota vers lui. L’étalon redressa son encolure, les naseaux tout frémissants. Il observa les juments de ses yeux noirs, qui, telles des billes, semblaient polies. Remember poussa une sorte de petit ronflement. Il arqua un peu son encolure et fixa la jument noire. Il approcha de quelque pas, et il essayait de se détendre, pour signaler aux jument qu’il ne leur ferait aucun mal.

«　Bonjour.　»

Murmura-t-il avec une voix très rauque, dû au manque d’échauffement de sa voix. Remember parlait très peu. Il aimait être seul. Mais là, il n’avait pas eu le choix, car la moindre des politesse était d’aller vers les autres. Surtout lorsqu’on l’avait remarqué. L’étalon détailla les deux juments. La blanche semblait douce, aimable. La noire semblait être tout le contraire, mystérieuse et fermée à double tour, elle donnait mauvaise impression. Remember Me se sentait bizarrement oppressé…