MoonPearl

La nuit, on dit que tout s'illumine d'une beauté surnaturelle, que toutes les petites insignifiantes de la vie n'en sont que sublimées à leur état le plus pur et le plus vrai, le plus merveilleux. On dit que la nuit, le Bien et le Mal s’entremêlent sans fin dans des spirales complexes et infinies. Le temps répond à cette spirale, mais contrairement au jour, il se fait plus discret dans la candeur et la perversion de la Nuit, drapée dans ses apparats noirs mouchetés de diamants que sont les étoiles dans le ciel. Les étoiles brillent d'un éclat sans pareil à leur naissance, grandissent, se développent, puis meurent dans une superbe apogée de lumière pour retourner à leur état premier de néant. Au néant. Au vide. Au noir. Aux ténèbres. Au rien.

MoonPearl n'aurait jamais cru qu'un jour elle arpenterait à nouveau ces terres qu'elle commençait à bien connaître. Elle avait disparu un jour, comme son esprit humain avait cru avoir trouvé une porte de sortie vers le monde des humains. Mais au fond, elles s'étaient seulement perdues à cause de sa part humaine, de cette ancienne Lena Parrs qui des fois encore guidait ses pas et ses paroles. MoonPearl était une jument croisée Poney Français de Selle et surtout du sang arabe, à la tête fine, aux mœurs raffinées, délicate, fragile comme une rose blanche, mais surtout intelligente, douce et réfléchie, selon quel esprit était aux commandes du corps partagé bon gré-mal gré entre les deux consciences. MoonPearl c'était la conscience équine qui était née au fur et à mesure des errances, qui dominait lentement celle de l'ancienne humaine, dans une harmonie des plus douces et des plus stables.

Mais là elle était fatiguée, alors elle alla se reposer contre un arbre proche, couchée en vache, ses yeux marrons observant avec intérêt les lucioles scintillantes qui dansaient dans la nuit, comme des étoiles vivantes. Lumière et Ombres. C'était tout simplement relaxant d'observer leur danse harmonieuse et enjouée, il ne manquait plus que de la compagnie et...

Citation :

- MoonPearl ?

Les lucioles, ces boules de lumières, captivaient totalement son attention, ses yeux bruns observant leur danse douce et harmonieuse, avant que l'appel ne lui parvienne, faisant pivoter ses fines oreilles dans la direction de la voix, une restant en arrière, prudente et méfiante. L'arabe blanche ploya avec une grâce infinie son encolure dans l'espoir impossible de discerner précisément son interlocuteur dans le fond de cette nuit presque entièrement noire. Sa robe claire... un gris moins blanc que le sien... cette odeur... cette voix... tous ces éléments s'enchainaient dans sa tête, chatouillant sa mémoire difficile ces derniers temps. Amour ? Non, elle ne connaissait pas. Amitié ? Ami... oui, voilà, c'était un ami, un des rares qui cheminaient encore ces terres. Un Ami... elle héla doucement de sa voix paisible et calme :

- Oui ? Qui est là ? Où êtes vous ? Je ne vous vois pas...

Une grande silhouette de belle allure, qui la connaissait et s'approchait d'elle... un souvenir... Un souvenir ! Une silhouette ! Une personne... Akira ! Était-ce bien lui ou un mirage de plus dans son errance ? Le nom restait pendu à ses lèvres fines, comme elle n'osait le prononcer de peur de se tromper. Mais ses sens et son cœur lui disaient que c'était lui... elle se redressa sur ses membres épuisés par l'errance, des cicatrices sur sa peau superbe de jument arabe croisée. Ses cicatrices. Pleine d'espoir, elle héla de nouveau :

- Akira ?

(up ?)