* Il était tard ce jour-là. Il avait fait beau toute la journée, le soleil n'avait cessé de briller de milles feux, d'illuminer plaines et campagnes, de rayonner, de renaitre. Les oiseaux avaient tant chantés qu'ils n'avaient plus de voix. Les fleurs s'étaient épanouies tranquillement, joyeuses, mais maintenant elles se refermaient pour pouvoir être plus belle encore demain. Les arbres étaient restés immobiles et leurs feuilles n'avaient pas frétillé car la brise avait à peine soufflée. Tout avait été tranquille, paisible, calme aujourd'hui. Mais la nuit commençait à tomber, et le ciel se voilait d'un long manteau noir. Les étoiles commençaient à éclairer le firmament bleuté, et la lune pâle et terne devenait de plus en plus scintillante avec le temps. Les nuages avaient vêtus le ciel de leur brume argenté, et ils flottaient dans l'air rafraichit. Le vent s'était levé depuis qu'il faisait sombre. Les bourrasques agitaient les arbres en fleurs, et faisaient bruisser les feuillages. Le colombier se dressait fièrement dans la pénombre inquiétante, droit, fier, et immobile, son toit habité de colombes surplombait la majeur partie des terres qui étaient en contrebas. Les écureuils somnolaient tandis que les chouettes hululaient sinistrement. Le murmure funeste, les cris déchirants des loups et des félins, tout cela avait de quoi rendre anxieux, inquiéter. Il commençait à faire froid, et la lune disparaissait régulièrement derrière un amas de nuages gris. L'obscurité était plutôt singulière. On pouvait discernait quelques formes, ombres, et deviner de qui ou de quoi il s'agissait. Les grands yeux jaunes des rapaces perchés sur des branches grinçantes fixaient les inconnus et les inconscients qui s'aventuraient dehors à une heure pareille, plutôt que de dormir sagement dans un lieu plus sûr. Manureva marchait lentement entre les troncs des arbres serrés les uns contre les autres. Elle avait grand mal à se faufiler entre les cimes collées. De plus, elle devait prendre garde à ne pas faire craquer les brindilles qui jonchaient le sol mouillés et boueux. La petite jument baie glissait de temps à autre, sans pour autant s'étaler au sol. Elle arrivait toujours à se retenir au dernier moment. Manue slalomait entre les arbres, quand soudain elle sursauta, et poussa un petit couinement qu'elle ne put retenir. Une paire d'yeux la toisait avec mépris. Elle recula, et sa croupe entra en contact avec un tronc mouillé. Elle s'enfuit en courant, trop effrayée pour réfléchir à quoi que ce soit. Et c'est alors qu'elle trébucha. Elle s'empressa de se relever, trop préoccupée à sauver sa peau plutôt que de ne pas se salir. Elle avait l'impression d'entendre des pas derrière elle, quelqu'un qui la poursuivait. Elle regarda finalement derrière elle et s'aperçut que c'était seulement son imagination et sa peur qui lui faisait entendre cela. Elle ralentit puis s'arrêta. Enfin elle émergea du petit bois, et retrouva l'air frais. Elle inspira une grande bouffée d'air. Devant elle le colombier, imposant et majestueux, était immobile. Elle resta là, silencieuse.

* L'air se rafraichissait, devenait de plus en plus frais, froid, glacial même. Les arbres se balançaient de manière inquiétante, leur ombre glissait sur le sol dans la pénombre de cette nuit angoissante. Le vent hurlait, sifflait si fort qu'on ne pouvait presque plus rien entendre. la silhouette du colombier qui se profilait au loin n'était pas des plus rassurantes, elle ressemblait à un gros monstre, la gueule ouverte, prêt à vous dévorez quoi que vous fassiez. La forêt grinçait tranquillement, les branches gémissaient tandis que les troncs crissaient. Les animaux sauvages chuchotaient. Les chouettes hululaient tranquillement, leurs grands yeux jaunes fixaient la silhouette de Manureva, qui tremblait. Ses jambes peinait à la porter, elles fléchissaient, et ses genoux tombaient sur le sol de temps à autre, bien qu'elle faisait un effort pour tenir debout. Son corps entier était secoué de spasmes incessants. Qu'elle tentait de calmer en se murmurant des paroles apaisantes. La jument avait si peur qu'elle ne savait plus quoi faire. Elle avait beaucoup de mal à se concentrer, à réfléchir tant l'angoisse lui faisait perdre tout ses moyens. Elle eut beau respirer, inspirer, expirer, tenter de se détendre, elle n'en retrouva pas son calme. Son regard se posa sur l'horizon. Il faisait si noir qu'il devenait presque impossible de distinguer quelque chose ici. La jument était partagée. Soit elle restait là, livrée aux griffes des prédateurs contre lesquels elle ne pourrait rien faire et vulnérable, soit elle rentrait dans le colombier, malgré son appréhension de croiser un éventuel ennemi ou fauve, soit elle faisait quelques aps en arrière et retournait dans la forêt le temps de réfléchir. Elle choisit la dernière option, car elle savait qu'elle se sentirait plus en sécurité entre les cimes serrées. Elle recula et se dissimula entre quelques branches. Puis elle entreprit d'analyser les lieux, pour vérifier que personne ne se trouvait dans les alentours. Son regard circula en rond sur toute la partie à peu près possible à voir du terrain. Rien à signaler. Puis elle fixa intensément l'horizon et tout se qui se trouvait après le colombier. Elle resta un moment le regard vissé là-bas, car il faisais si obscur qu'il était très dur de distinguer nettement une forme quelconque. Puis elle toisa avec méfiance le colombier, de haut en bas, de bas en haut. Là aussi rien à redire. Manue sortit de sa cachette, puis se trouva nez à nez avec un étalon. Elle fit un bond prodigieux en arrière, puis recula de quelques pas maladroits. Son cœur se mit à battre la chamade, jusqu'à ce qu'elle lise sur les traits de l'inconnu et qu'elle comprenne qu'il ne lui voulait aucun mal. Elle esquissa un sourire et le salua.

( Arf j'ai de l'inspi à revendre :) )

* Manue pensait exactement la même chose, de son côté. Ils étaient facilement repérables, tout deux, et ne ferais sans doute pas le poids contre un prédateur tel qu'un loup ou un fauve de ce genre, voire un ours. La jument baie avait une peur bleue de ces animaux. Lorsqu'elle était petite, elle et ses amies s'amusaient à se raconter des histoires avec de tels prédateurs, le soir, dans la nuit noire, pour se faire peur. cela les amusaient beaucoup, car elles étaient toutes ensemble. Mais maintenant que Manureva se trouvait seule, ou presque, elle trouvait cela moins amusant. Pire, ce n'était même pas des histoires, cette fois-ci, c'était la réalité. A n'importe quel moment un animal sournois et mesquin pouvait surgir de la forêt ou du colombier, voire même arriver face et les attaquer, sans surprise. La nostalgie secoua la tête de la femelle. Elle se souvenais des soirs d'automne avec ses amies. Des fous rires, des batailles d'eau dans la rivière qui coulait à quelques kilomètres de leur territoire, des poulains qui venaient les draguer maladroitement, des clairs de lune et des nuits à la belle étoile à regarder passer en trombe les étoiles filantes, des roulades dans la neige glaciale et de leur robe recouverte de flocons agrippé et tellement dur à enlever, du soleil qui leur faisait mal au crâne et qui les obligeait à s'abriter à l'ombre des arbres, des fleurs qui renaissaient après l'hiver, etc. La jument soupira, doucement. Un nuage argenté sortit de ses naseaux entrouverts, avant de remontait dans le ciel nuageux. Manue détailla son interlocuteur avec minutie. C'était un grand étalon musclé, plutôt pas mal il faut l'avouer, bien bati et qui paraissait fier dans son allure, bien que son visage parut inquiet, angoissé. Elle l'écouta attentivement, puis répondit d'une voix sourde mais douce, en chuchotant :

« Moi c'est Manureva.