I am all alone on my darkened World (pv)

Diablo de la Noche

Je n'ai envie de voir personne, et ces bois de pins semblent être le meilleur des lieux pour marcher en paix. Non, je n'aime pas les gens, j'suis comme ca et c'est tout, faut faire avec. Les gens sont méchants, je n'ai pas confiance en eux. Ils frappent dans le dos dès qu'ils le peuvent, quels qu'ils soient. Ma silhouette d'étalon bai brun puissant mais encore léger est telle une ombre errante dans ces bois, aux yeux noirs froids et impassibles en apparence, vif et alerte, alors que je marche d'un pas lourd. Je ne sais pas pourquoi je suis arrivé là, mais je dois me faire une raison.

L'odeur des pins... Cette odeur m'avait toujours fascinée, du temps où j'étais jeune. Mais c'est lorsque j'avais découvert l'odeur de pin brûlé que j'avais associé cet arbre à mon tragique incident. Je dois dire, la vie est bien tordue. Ahah. Je vous voir venir, héhéhé. Oui oui, je l'assume, je suis tordue. Et alors ?
Toujours est-il que je marche paisiblement sur des aiguilles de pins, aiguilles qui sont visiblement tombées de ces arbres qui m'entourent. Un endroit semblable m'aurait logiquement paru agréable et chaleureux, à sa façon. Je veux dire, avant que je ne change aussi radicalement, c'est comme ça que je l'aurais perçu. Maintenant, cependant, c'est plutôt froid et endormi comme ambiance, et de mauvaises images s'emparent de mes yeux. Il y a du y avoir un feu de forêt assez récemment dans le coin pour que ça sente comme cette nuit-là...
Je secouai la tête en renâclant pour tenter de me calmer. Mes crins, de leur belle couleur, luisaient à la lumière du soleil qui s'orangeait. Je me sentais tout à fait fondue dans le décor avec ces couleurs d'oranges, de rouges et de bruns. J'essayai de me concentrer sur ce bien-être, celui que je ressentais de me sentir à ma place. Mais ça ne m'aida pas... Mes pattes marchaient d'elles-même, gracieusement mais ô combien mécaniquement.
Finalement, je m'arrêtai et m'écrasai avec souplesse sur le sol, couchée en vache. Je baissai la tête et regardai avec un regard douloureux la tache d'eau qu'il m'était donné d'apercevoir entre les arbres, teintée des mêmes couleurs que le ciel et que les pins. Mes couleurs...

Les réflexes me sont venus assez rapidement, je dois bien l'avouer, je n'ai pas trop eu de soucis d'adaptation; J'aurais pour peu cru que j'étais né avec l'instint d'une de ces étranges créatures ! Je ne les déteste pas ces créatures, tant qu'elles ne s'approchent pas trop près de moi et ne cherchent pas à faire du copinage direct. J'aime beaucoup ce lieu par contre, il est si reposant, relaxant... très loin de la ville polluée et bruyante dans laquelle je vivais avant, et je ne parle même pas de l'orphelinat...

Ma silhouette de calme étalon bai-brun selle français se fraye un chemin dans ces allées sinuant d'immenses rangées de pins, avec un lac que l'on peut voir au loin. C'est alors que je percois l'odeur d'un autre équidé, et de surcroit une femelle, une jument ! Han j'ai vraiment pas de chance, les filles sont toujours des pipelettes de service, enfin dans quatre-vingt dix-neuf pour cent des cas ! Je me fige et renâcle légèrement, oreilles légèrement rammenées vers l'arrière par prudence, sur la défensive.

Eh bien, j'avais de la visite. D'après mon superbe odorat d'équidé entraîné, c'était un mâle. Autant le laisser faire ce qu'il voulait, puisque de toute façon si jamais il s'approchait de moi, il découvrirait bien rapidement mon handicap ou alors me prendrait pour une simple folle bête et impolie. Ainsi cela se terminerait rapidement.
Une bise agréable traînait dans mes crins. J'en soutirais de bons sentiments. Finalement, une visite, même sans contacts comme celle-ci, me faisait un minimum de bien en me changeant les idées. C'était la même fonction remplie de cette brise, et de ces réflexions sans but aucun.
Mes pattes commençaient peu à peu à s'engourdir. Pour éviter la paralysie par fourmis, je me déplaçai et me couchai sur le flanc, d'ailleurs le flanc opposé. Mais je regardai toujours vers cette tache qui scintillait d'une lueur orangée réconfortante.
J'entendais maintenant quelques bruits, certainement dans la direction d'où provenait l'étalon, qui d'ailleurs, bien franchement, portait une autre odeur, un peu étrange.

Je n'ai pas envie d'aller la voir, on ne sait jamais quel coup tordu elle pourrait me faire... je ne suis pas à ma place ici et je le sais. Je reste là où je suis, à quelques distance, l'observant de mes yeux désormais noirs : une jument alezane presque orangée, qui a du s'appercevoir de ma présence. Comme étalon, je garde mes oreilles en arrière, mon calme et une certaine froideur, que les gens ont bien du mal à faire briser, mais au moins je me préserve de coups en traitre. Je secoue légèrement mon encolure, l'observant de loin.

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