J'ai embrassé l'aube d'été. [L]

"Rien ne bougeait encore au front des palais. L'eau était morte. Les camps d'ombre ne quittaient pas la route du bois. J'ai marché,
réveillant les haleines vives et tièdes, et les pierreries regardèrent, et
les ailes se levèrent sans bruit."(A.Rimbaud-Aube)

Je n'ai pas envie de beaucoup écrire, merci de ne pas me répondre en pavé : )

Son grand corps gris déambulait dans la chaleur du printemps nouveau. Doucement, sur son passage, les ombres se mouvaient dans un réveil triste et las. ses belles courbes en pleine maturité de son âge glissaient entre les branchages secs et résineux des pins. Elle sourit, s'arrêta, le sentier se divisait face à elle. Peu volontaire, elle se coucha en ayant préalablement attrapé quelques jeunes feuilles d'un marronnier.
Ses grands yeux gris bleus sondèrent l'impeccable silence, elle eut un rire frais et souleva quelques volutes de poussière dorée tout en affalant son encolure dans la terre sèche.
Ses paupières se fermèrent, fatiguée, elle laissa le songe s'installer.

La première entreprise fut, dans le sentier déjà empli de frais et
blêmes éclats, une fleur qui me dit son nom.
Je ris au wasserfall qui s'échevela à travers les sapins : à la cime argentée je reconnus la déesse. (A. Rimbaud

haha, Aube, ça fait juste une semaine qu'on l'a étudié en classe :)

[C'est mon poème préféré : ) ]

"Je suis insolente et fragmentée,
indolente du visuel et du savoir,
je t'aimerais jours et nuits,
si seulement je puis chérir ta peau, tes reins,
évacuer la peine qui tord tes os;
ce silence,
jamais tes yeux n'ont parut si pleins."

Il faisait chaud à s'en décrocher les os, pas trop, mais assez, déjà les pierres moites de l'hiver chauffaient avec insuffisance, les reptiles se doraient sous le soleil allégé tout en gardant un œil miel et discret sur l'intrusion. Moon Light somnolait dans des rêves sans vie, ses antérieurs se crispaient légèrement, puis doucement se laissaient reconquérir par le rêve. ses yeux mis-clos battaient nonchalamment pour hydrater la pupille.
L'air frais s'insinua autour d'elle, doucement, elle leva la tête, le regard ailleurs, les vaguelettes de terre sèche s'élevant autour d'elle.
Alors elle se leva et sourit, sans un bruit son corps coula entre les résineux tant aimés, son beau corps rond lovant les écorces rêches et avançant silencieusement.
Ses grands yeux bleus gris distinguèrent une silhouette or, elle dégagea ses sinus dans un ronflement léger, porta le menton vers le haut à s'en tordre la nuque.
Dans une vague d'enthousiasme, elle hennit puis prit un trot élancé et s'approcha de l'inconnue couleur sable.
Elle avait tout d'un animal sauvage.

Je n'ai pas de compagnon de route,
juste l'infortune, qui parfois, au détour d'un sentier brulant
refroidit ma carcasse.
Je n'aime pas l'été.

Aesther sentit au loin, juste derrière elle, la tension d'un trot effilé. Elle laissa son oreille suivre la musique sur la mousse détrempée, près des galets. Un hennissement sauvage tua le silence, le presque silence. La petite jument clôt ses paupières, heureuse du temps qu'il faisait. Trop grande chaleur l'insupportait, juste cette petite fraicheur d'ombre et elle pouvait errer à son aise. Elle fit un quart de tour, et consciencieuse comme une jeune fille observa son reflet à la dérobée. Quelques manies, comme ça refluaient par gaité. Elle se laissa porter par l'air et finit son demi tour. Elle sourit à l'inconnue.

Je ne vit que pour toi.

Moon, dans cette période étrange où son esprit tentait désespérément de faire abstraction de son corps, vivait dans un rêve éveillé. Lentement, elle cala son trot dans un pas harmonieux et gai, sa tête ballotant dans le même sentiment. Ses grands yeux dénués de mystères effacèrent les courbes de son interlocutrice d'un arc de cercle vertigineux; la jeune jument qui se tenait en face d'elle n'était pas dans le profil fin et trop sophistiqué des trop nombreuses races arabes, non, elle jouissait d'une physionomie arrondie, svelte et magnifique. Quelques reflets dorés creusaient sa robe avec sérénité, Light sourit.

- Bonjour, il y a peu d'âmes errantes pour croiser mon chemin, mais je suis fière de pouvoir trouver si jolie compagnie : )

Elle fouetta l'air imperceptiblement, elle aimait déjà cette jument pour une raison qui lui était inconnue.

J'ai de nombreux amis,
Ils me préfèrent l'été.
Je n'ai pas d'amis,
Je fais avec le reste.

Les gens se font rares d'après ceux qui se sentaient entourés. Je prend votre compliment au mot, et je suis toujours enchantée de parler à quelqu'un d'autre qu'à moi même. Je me lasse et ma voix s'enraille.

L'été est frêle et succinct,
j'ai moi même aussi toujours préférés les étés aux hivers;
ma vie se lasse, je vie pour la neige comme le gel vit en moi.

Ses belles prunelles croisèrent les cieux immaculés de la jument. D'un léger coup de queue le temps sembla presque éteint, ses yeux fixant lentement cette jument particulièrement dorée, battant des yeux pour mieux apercevoir quelques infimes détails;
Dans un souffle court elle examina les paroles, elle sourit avec une gratitude infinie.

- Nous sommes alors dans le même cas.

Elle émit un rire grave et doux, manœuvré de notes simples. Elle se rapprocha pour mieux sentir les odeurs qui couvraient sa nouvelle interlocutrice; elle était devenu un cheval sauvage au terme même que sa seule prestance à rencontrer les personnes était de se fier à tous ses actes primaires;
elle s'y entendait bien.
Un parfum résineux et original clouait la peau de la belle aux couleurs des astres, ce qui arracha un autre sourire à Moon Light.

- Qui es-tu et d'où viens-tu ?

Elle se sentait dans une confiance naturelle qui lui permettait de tutoyer en tout premier lieu.
Le vent s'en alla, l'air devint humide et légèrement chaud.

L'improbable, tue.

Un air frais glissa entre les troncs bruns et gris des arbres. Aesther frissonna d'aise. Une étrange langueur s'emparait d'elle et son regard se perdit au loin, vers l'horizon infinie. D'où elle se tenait, elle pouvait encore apercevoir derrière le dos finement pommelé de sa compagne, l'aube qui glissait. Fugueuse aurore vers un zénith parfait. Son sourire s'étira sans hâte. Une fragrance chaleureuse émanait de la robe froide de la femelle, comme un improbable contraste. Ce fut cette étrange facilité de conversation avec les inconnus, pendant que d'autres restaient cloitrés dans leur solitude qui sortit Aesther de ses pensées.

Sans doutes.

Elle rit fraichement, et le son qui sortit de sa gorge sembla de mêler avec l'eau de ruisseau, fraiche et cristalline.

J'ai l'impression de vous connaître ... Quoi que, quand je dis connaître, je me réfère à vos traits. Fin et brutes à la fois, et ce regard posé dans le lequel la noyade serait possible, sans doute. Peut-être est-ce votre odeur ? Ou bien mes parents vous connaissaient ? Les parents de mes parents ?

Elle s'arrêta sur cette réflexion, le regard vide de nouveau. Elle repassa sa généalogie dans sa tête, et ne trouvant rien, choisit de répondre à la première question de la femelle grise.

Je m'appelle Aesther, je suis née ici ou bien là-bas, sur ces terres.

{Aesther est la fille de Crooked Smile, qui est le fils de Souviens-Toi, qui est le fils de Distry, qui est la demie sœur de MoOn Light par le père (Suffixed Song) c'est ça ? What A Face

A mon avis on a un problème avec les âges de nos chevaux :) }

(tiens tiens, ça change pas mal de choses ... Bon, j'ai augmenté l'âge de ma jument, de toutes manières elle n'en aura plus pour longtemps ^^ Hm ... petite petite petite fille de Distressing ... Ok : )

« Il est beau [...] comme la rencontre fortuite sur une table de dissection d'une machine à coudre et d'un parapluie ! »
— Les Chants de Maldoror (Chant VI-§1)

Ses naseaux plasmifient doucement l'air, ses oreilles bourdonnent;
des traits familiers ?
Elle se faisait vieille, comment pourrait-ce lui échapper, dépourvue, l'étonnement passant, elle effectue une ronde très proche de la jeune et belle Aester. Ses grands yeux sombres détaillent et retracent avec vigilance les muscles ronds, les caractères familiers ...
Soudain elle ouvre ses naseaux comme une valve à pression vide, ses oreilles alertées, le regard farouche.
Tout son corps s'apaise dans un dernier tressautement; cette odeur résineuse si ... Si commune. Elle ne peut s'empêcher de sourire au bleu cristallin qu'érigent les magnifique pupilles de la jument. Cette même profondeur dans le clair des astres, ce m^me air, ce petit côté sombre et si doux à la fois; elle sourit de plus belle.

- Je suis Moon Light, soeur de Distressing Wound et Revenge, fille de Suffixed Song.

Elle ébroue sa crinière, de vagues souvenirs s'excitent dans sa boîte crânienne.

- Si je devais en juger, je dirais que tu ressemble plus à Distressing Wound qu'à moi-même; connais-tu ta famille ?

Elle la regarde apaisée, ne sachant plus trop à quoi penser, il y avait trop de similitudes pour qu'elle-même et cette belle jument soient éloignées.

Je passe le plus clair de mon temps à l'oscurcir car la lumière me gène. — L'écume des Jours, Boris Vian

Aesther veut percer le regard de la femelle qui lui fait face. Elle veut déchirer la mince iris et s'infiltrer sans remords dans la pupille glacée qui reflète sans concurrence l'eau lumineuse du petit ru. Son propre regard la fixe. Elle semble tournoyer, lentement puis plus rapidement dans les limbes imaginaires de son inconscience. Elle rit au vent. Secrets de famille qui croulent sur des mémoires avachies par le temps, et qui semblent parfois les ignorer.

Seul le premier nom m'a été cité auparavant, si j'en crois les maigres souvenirs que je possède.

Elle observa les moindres gestes de son interlocutrice en proie au passé.

Je vais vous dire ce que je sais, et vous me raconterez, n'est-ce pas ?

Elle secoua sa petite tête aux rondeurs féminines, bousculant sans le vouloir son clair reflet dans le cours d'eau, puis sourit de nouveau.

Nos deux histoires se rejoindront à Souviens Toi et Decency si ma mémoire est bonne. Ils se rencontrèrent un beau jour de printemps - personne n'a vraiment de détails, il faudrait les interroger - leur amour fut très puissant et réciproque mais il décida de partir avec sa mère à la rencontre des anges et du reste des cieux - la chose est peut-être une légende, elle me semble peu vraisemblable. Le lien fut rompu et Decency tomba dans un déni de la vie. Personne ne sait ce qu'il en advint, jusqu'à ce qu'il revienne et que Crooked Smile - mon père - naisse. Je l'ai rencontré une ou deux fois et ce qu'on m'en avait dit ce révéla vrai. C'était un cheval de votre gabarit, il vous ressemble d'ailleurs à tel point que s'en est troublant à dire vrai; mais brun foncé. Il semblait parcourir les terres, vide de tout. Il apparaissait, immatériel, marchant vers la fin de sa vie, trop conscient du terme il se désintéressait des rapports sociaux et restait solitaire - comme vous et moi avant aujourd'hui. Il èrait, l'âme en peine mais sans douleur si j'ose dire. Il ne prenait plaisir qu'à regarder au loin la nature qui s'éveille, ici et là sous ses pieds et le temps qui passe. S'égrenant sans vitesse. Avec patience et vélocité tout à la fois.

Aesther interrompit son récit et s'ébroua, légère. Sa peau frissonna dans un courant d'air qui filtra entre les troncs granuleux des pins. La mousse s'écrasait avec déférence sous ses sabots clairs.

Puis il y eut la rencontre avec ma mère. Toute candide et innocente. Une fleur à couleur de l'ébène. Tendre et douce, pleine d'espoir et de doutes. J'ai d'ailleurs, toujours trouvé qu'ils formaient un drôle de couple paradoxale.

Elle rit doucement pour la deuxième fois et huma l'air, ses naseaux frémissant dans l'air frais. L'odeur de la forêt l'enchanta.

Elle eut un sourire sincère, les noms apparaissaient comme connus, néanmoins sa mémoire ne s'était jamais faite à retenir ce genre de futilités. D'un pas incertain elle se retourna vers les ombres lumineuses que donnait la pinède. Ses paupières couvèrent en surcroit ses belles prunelles. Doucement, le vent se leva d'une faible vitesse, une bise caressa les deux juments, allant d'Aesther vers elle. Elle se retourna approuvant.

- Il n'y a aucuns doutes, tu es la petites fille de Distressing, aussi loin en soit-il et peu importe les générations. Mais il en est tel. Elle était ma demi-sœur et je la chérissait par dessus tout, je n'ai jamais connut amant qui ait son caractère.

Elle éclata d'un rire nouveau, plus jeune et plus simple. Elle se sentait réellement bien.

- Alors bienvenue dans ma famille, Aesther, fille de Crooked Smile. Je suis heureuse de te compter parmi les plus belles progénitures.

Elle eut un sourire caractéristique et plaisant de la taquinerie.

- Il faudra que tu rencontres mon fils, je pense que son âge te conviendra plus que de parler avec les 'grands mères' des autres temps.

Elle émit un ronflement malin, son âge était certes des plus avancés parmi les chevaux de ces terres, mais il n'en était pas moins vieux. Elle se tourna vers la belle jument dorée en pointant les oreilles.

- Que dirais-tu de connaître mon royaume ?

Elle désigna la forêt de pins avec un sourire fantastique.

A

- Vous êtes encore bien portante pour une grand-mère.

- Si vous en avez la clé ?

Elle eut un sourire serein emprunt de sympathie, le cœur débordant de joie tandis qu'elle se détournait vers la for^t de conifères.

- Il n'y a pas de clé mais un chant, rien ne tient aux arbres plus que le souffle du vent.

Lentement elle scruta l'ensemble des pins, elle en connaissait chaque forme et chaque odeur, leurs écorces étaient telle une empreinte digitale dans laquelle elle lisait vie et passion, terre et ciel. Elle ne se souciait pas d'Æsther, peu lui importait dorénavant que les ramures fourmillantes aux épines serrées, c'était un long hiver, un flanc panaché de la montagne dont les contreparties s'extasiaient à chaque foulée.
Puis, discrètement elle se retourna vers la belle palomino, le sourire aux lèvres.

- Là où je vous emmène nul autre ne va, ce n'est pas dangereux ni caché, mais on ne saurait le trouver sauf si l'on y avait vécu déjà plusieurs années.

Dans un pas lent elle reprit route, déjà elle avait eut le temps de se familiariser avec l'odeur d'Æesther, une effluve qui en apprenait trop, qui lui dictait exactement quels autres contacts elle avait eut. Néanmoins, Moon Light n'osa pas s'engouffrer sur l'hypothèse d'un cœur partagé, le dessein des autres parlait quand il le voulait.

Finito ?

okay : )

Et pendant les vacances, on s'organisera un méga topic Aesther-Heaven-Pàvel'-Noestra-Koko 8)

Pendant les vacances owii *_*

D'ailleurs faut que je te touche un mot à ce propos x]

Touche-Touche huhu

owii *___*