Un peu de beau. [PM Equinoxe]

Scylla

« Oh, mon Cœur, qu'est-il encore arrivé ?
J'agonise de ne pas savoir.
Oh, mais, chut … »

Ses paupières se soulevèrent lentement sur les grands yeux noirs.
Au-dessus d'elle dansaient en rythme les pétales chatoyants de dizaines de coquelicots, peints dans un ciel d'un bleu pénétrant qui l'hypnotisa totalement.
Cette vision la laissa superbement hébétée; quelques secondes tout au plus.
Rapidement, le rêve prit fin, fuyant comme une bourrasque de vent semblable
à celle qui faisait tourner les fleurs rouges. L'éclat rêveur dans ses yeux se ternit
et disparut comme la flamme d'une bougie sur laquelle on aurait soufflé avant même
qu'elle ne grandisse.
Tout son corps fut ébranlé par un long soupir et elle laissa sa tête tomber sur le sol
dans un bruit mat. Elle laissa les pensées s'insinuer jusqu'à son cerveau,
mais rien de bien précis ne l'atteignit, mise à part une atroce frustration qui lui était familière. Finalement, elle se remit péniblement debout, n'y mettant guère du sien,
l'esprit encore embrumé par – elle le présumait - sa précédente folie.
Elle regarda un peu autour d'elle, les oreilles affaissées.
Ce devait être le milieu de l'après-midi et elle ignorait totalement pourquoi elle s'était réveillée dans ce magnifique champ de coquelicots.
Bien qu'elle l'apprécia, elle se sentait de trop sur ce paysage idyllique,
comme une tâche d'encre sur une toile qui a des centaines d'années.
Peinée, elle laissa son esprit vagabonder hors de sa maigre carcasse,
et elle était déplorablement seule.

« EQUINOXE »
Damned.
_________________________

Ce qui ne me tue pas me rend plus... bizarre.
The Dark Night heart

[J'ai répondu ce soir comme j'avais de l'inspiration. Un peu trop d'ailleurs, désolé >.<]

« Et puis, tu sais, moi je ne deviendrai jamais rien.
C'est comme ça. »

La petite blanche essaya faiblement de se secouer, mais il n'y avait rien à faire, la conviction n'y était pas. Sa torpeur brumeuse ne la quittait pas, s'éloignant parfois traitreusement pour mieux revenir l'envelopper et oppresser ses sinus. Scylla finit par arrêter sa lutte ridicule. Elle sentait tous ses muscles raidis par la position inconfortable dans laquelle elle avait dormi, et ses membres courbaturés la livraient à une fatigue tentante. Elle allait presque se laisser retomber lorsque ses sens, toujours très aiguisés, la fit se redresser avant qu'elle ne s'en rende compte. Elle fut parcourue d'un tressaillement et se campa un peu sur ses postérieurs, avant de tourner lentement la tête vers celui qu'elle avait senti et entendu venir. Qu'était-ce ? Un rêve, une illusion, une hallucination ? Elle se sentait comme en-dehors d'elle-même. Où était-elle vraiment ? Ce lieu avait tout de réel et était pourtant le plus traître des paradis. Elle le savait, mais elle se laissa tenter par les arômes suaves et les couleurs chatoyantes, ainsi que par la présence de l'étalon. Qui était-il, que faisait-il là, était-il réel, elle n'en savait rien, il était seulement une bouffée d'espoir. Encore une. Oui. La maigre blanche mordit à l'hameçon, consciente, mais trop faible pour se résonner. Ses yeux éclatèrent d'une vague lueur tristement avide, et elle déplaça sa pauvre carcasse aux poils truités et sales vers lui. Car lui aussi venait la voir. Elle cligna des yeux, observa la démarche maladroite de l'autre, sans vraiment comprendre que c'était un mouvement plutôt gauche. Elle sentait juste que quelque chose en l'autre régissait toute son allure, mais elle ne savait pas quoi. Elle laissait le temps le lui dire ou pas. Scylla n'était jamais pressée. Elle fut vite à sa hauteur, ses membres courts et solides la portant plus vite qu'elle ne l'aurait espéré. Finalement, elle s'arrêta, sans bruit, lentement, bien d'aplomb sur ses quatre membres. Il était naturellement plus grand qu'elle, mieux bâti aussi. Elle porta ses grands yeux vides et mystiques à la fois vers les siens, expirant doucement le souffle qui avait conditionné sa marche. Elle voulut dire quelque chose, les mots se bloquèrent dans sa gorge : elle n'avait strictement rien à dire. Elle voulut esquisser un sourire, ses lèvres refusèrent de s'étendre, encore sous l'influence de sa précédente léthargie. Finalement, cela sortit comme un cri de désespoir rauque, sur une note basse et fragile qui passa difficilement le seuil de sa bouche :

- Alors .. je ne suis pas seule ici.

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