“If everybody minded their own business, the world would go around a great deal faster than it does.”

L'étalon promena son regard sur l'étendue de sable. Elle était parcourue d'un vent frais qui soulevait des grains dorés et les déplaçaient, modifiant la forme des dunes, les remodelant. Par endroit, le blanc d'ossements animaux ressortait. Certains étaient déjà partiellement ensablés. D'autres, sur lesquels il restait des lambeaux de chaire dégageant une atroce odeur, étaient encore bien visibles. Le désert n'avait pas encore commencé à les dissimuler, et ils s'exposaient à la vue de tous.
Le cheval noir contourna les ossements, reconnaissant par endroits la forme d'un crâne de cheval. Lors de ses visites nocturnes au cimetière il avait prit l'habitude de côtoyer les morts. Mais enfermés dans leurs tombes ils ne dégageaient pas cette horreur de chaire en décomposition. Avec celui qu'il appelait son ami, il avait entrepris d'ouvrir certaines tombes, découvrant des cadavres parfois très anciens. Mais à l'abri de l'air, beaucoup de corps c'étaient relativement bien conservés, et il n'avait jamais eu l'occasion de se retrouver face à des cadavres partiellement décomposés. Quand aux squelettes, il en avait vu si souvent dans les films qu'ils ne représentaient plus rien à ses yeux.
Il leur accorde néanmoins un regard lorsqu'il passe devant eux, puis s'en détourna pour grimper sur la dune la plus proche. Au loin il ne pouvait voir que du sable. Il hésitait. Devait-il s'engager dans ce désert, pour tenter d'en percer les secrets, ou fallait-il faire demi-tour, et retourner sous l'abri des arbres ? Il ronfla des naseaux. N'étant pas encore habitué à son nouveau corps, ce bruit le fit sursauter. Il s'ébroua pour dissimuler son embarras et se retourna vers l'entrée du désert. Il ne connaissait pas les limites de son nouveau corps, il serait surement plus prudent de ne pas tenter de traverser le désert. Il inspira fortement, et fit quelques pas, mais il s'immobilisa rapidement. L'odeur d'un autre cheval lui parvenait...