< Tu n'es que ma fille, tu n'es que son jouet. Il te vole ta vie, jubile en entendant tes gémissements de douleur. Il veut ton mal, il manipule tes faits et gestes. Tu es un pantin entre ses mains, une marionnette. Une poupée de cire, fragile et vulnérable, qui se cache dans les froufrous de son jupon. Tu te maquille, ton regard animé par le vent de l'enfer est colorié par le feu ardent qui nous attends. Ta jupe est serrée autour de tes hanches creuses, tu ne peux pas échapper de son étreinte. Son haleine putréfiée souffle dans tes cheveux noirs. Il plante ses griffes dans ta peau de porcelaine. Vainement tu essayes de t'enfuir. Tu as courus longtemps, mais pas assez vite. Ta robe rouge trop longue trainait par terre. Tes pieds se sont pris dans le tissu écarlate. Il a voulut du sang et de la fureur, il a gagné ton désespoir. Le Diable est un vampire qui ne veut que tripler ses gains. Qui veut plus de victimes, des cris, du mal. Qui a besoin d'âmes en peine et de larmes salées. Le printemps s'incline devant son piédestal de marbre. L'hiver palpe le sol froid de ses mains blafardes. Il roule sur la pierre carrelée. Et tombe dans l'oubli. Le Diable est un malin. Il nous trompe en nous faisant croire qu'il n'existe pas, pour ensuite s'emparer de nos consciences trop fragiles. N'ai crainte, un jour ou l'autre tu le rejoindra, il n'y a plus d'issu. La clé qui ouvre la porte du donjon dans lequel tu es emprisonné est depuis longtemps perdue, brûlée. Il ne te laisseras pas partir. Tu n'es que mon reflet. Une pâle copie de mon corps morne et de mes sentiments ternes. Tu es juste le fruit de mes entrailles, celle que j'ai vainement tenté de détourner du chemin que le Diable t'indiquait. Nos regards fiévreux que nous jetons au hasard, ce ne sont que ce qui nous lie à ce monde. Nos allures fantomatiques, cadavéreuses. Ce ne sont que l'image que le Diable a faite de nous. Il nous a façonné selon ses désirs, a brûlés les imperfections de notre peau rude et tendre. Notre beauté est froide, morte. Nous sommes des esprit qui errent, sans pour autant être perdu. Nous ne sommes que volutes de fumée qui ne tarderont à se dissiper. Notre fin est proche, c'est le bucher qui nous attends. >



Le vent roula le long de sa chair cendrée. Il déglutit péniblement les goulées d'air qui remontait dans sa trachée étroitement enserrée.
Les arbres ont frémit, murmurés leur indignation, sans oser la crier. Leurs feuillages se sont esclaffés, insolents.
Le ciel, lui, a détourné ses yeux du monde et de ce qu'il devenait, préférant garder ses pupilles luisantes posées sur son bleu pâle et léger, timide.
Distressing laisas la bourrasque frêle secouer sa crinière noire.