Mon corps de fond parfaitement dans le paysage glacial. A un tel point que l'on aperçoit seulement deux prunelles noires en forme d'amandes. Mon corps fin et pas vraiment garni tremble à chaques brises de vent fraîches, tout cela semble me déchirer de l'intérieur. Ce froid intense est comme une paralysie, mes membres engourdis me font souffrir. Les traits de mon visage sont inexpressifs, détachés. Mon regard vide se tourne avec une lenteur déconcertante vers mon point de départ ; le point de départ de cette longue et fatiguante marche. De nombreuses empreintes de sabots sillonnent à travers les arbres inclinés par le vent perpétuellement en action. Un soupir s'échappe de la barrière que forme mes deux levres jointes. Je me retourne et fixe cet horizon, seulement de la neige à perte de vue. C'est démoralisant. Avec cette impression de faire un effort suprême à chacuns de mes pas, je m'avance toujours tout droit pendant plusieures minutes, peut-être plusieures heures je ne sais pas. Mes yeux sont mi - clos mais je suis tout de même très adroite. C'est alors qu'une forme imposante et noire de dessine parfaitement dans toutes ces courbes au milieu de ce paysage morbide. Je m'arrête. Serait-ce toi ? J'hésite puis je fait de nouveaux quelques pas jusqu'à m'arrêter à quelques minces mètres de toi. Je suis derrière toi et j'hésite. Puis ma voix féminine, douce et malicieuse perce ce lourd silence qui plane beaucoup trop sur cet endroit à mon goût.

Several . Cela fait bien longtemps je trouve .

La brise délicate et fraîche du soir roula tendrement le long de ma silhouette délurée et malgré tout agréable à la vue d'autrui. Mes crins s'élèvent pour retomber tout en lenteur et en grâce sur mon encolure tout aussi fine que le reste de mon anatomie de jument. Mes prunelles sombres te fixent sans cesse. Tu as grandis, tu n'es plus le yearling d'autrefois mais juste un étalon magnifique aux courbes harmonisées et très bien proportionnées. Tout cela me fait esquisser un sourire qui se dessine savoureusement au coin de mes lèvres délicates. Avec une certaine pression, je force sur ce qu'il me reste de force pour m'avancer un peu. Je me retrouves bientôt en face de toi. Nos yeux ne se quittent plus. Je ne sais pas comment réagir face à toi. Tu es si majestueux maintenant, après quelques années de séparation. Mon sourire attrayant ne quitte pourtant pas les deux commissures de mes lèvres. Je laisse volontairement le silence s'emparer de ce lieu. Il parait que parfois le silence parle mieux que nous même. Je renâcle puis je laisse encore une fois ma voix voluptueuse briser cet imposant calme.

Tu m'as manqués. Qu'est tu devenu pendant toutes ces années ?

Je laisse une légère bruine venir faire sa place. Les gouttes d'eau coulent sur chacune des parcelles de mon corps mais je n'y prête pas grande attention. Je défait mon regard du tien pour le poser sur le sol qui parait dégouliner sous nos sabots. La pluie emporte quelque peu de neige avec elle. Je soupire puis mon regard se relève bien vite pour te contempler dans toute ta splendeur.

La commémoration de nos jours passés ensemble quand on n'étais que des jeunes inconscient me revient. A peine 2 ans et déjà nos caractères forts et respectif. Moi je sais que je ne reste qu'avec toi. Les autres, je préfère les juger. Toi tu as quelque chose d'unique, d'incomparable et de divinement beau. Maintenant nous avons grandis, nous avons était séparés mais malgré tout les sentiments sont les mêmes. Pour moi du moins.
Je te dévisages une nouvelle fois. Tu es toujours plus grand que moi. Certes la différence n'est pas très flagrante mais elle et belle et bien là. Mon sourire est toujours omniprésent comme à chaques instants passés à tes cotés. Tu t'approches de mon oreilles et tu me susurres quelques compliments. Des compliments qui provoquent certains tressaillement le long de mon échine glacée. Je relève mon regard vers toi.

Je ne suis pas aussi magnifique que ce que tu dis. En revanche toi tu es remarquablement splendide .

Ces derniers mots sortent tout seul, sans même que je puisse le commander mais pourtant ils sont vrais et sincères. Tu es quelqu'un d'exceptionnel. Je fait un pas en ta direction pour que nos naseaux se frôlent avec une douceur divine. L'eau roule toujours sous nos sabots, glissant le long de la plaine imbibée d'eau glaciale. Moi peut m'importe ; tant que je suis avec toi.