HISTOIRE Il était une fois, dans un pays lointain, une belle jeune fille qui s'appelait...

« LAURIANE ! Si tu claques encore une fois la porte je te l'ENLEVES ! »

En fait il n'y avait aucun pays lointain, aucune princesse et encore moins de prince. Assise dans ma chambre, je me retins de répondre à ma mère, je m'en souviens. Ma vie jusqu'ici avait été celle d'une adolescente ennuyante, dans un monde ennuyeux à qui il n'arrivait rien de bien passionnant. Pourtant dieu seul sait comme j'avais espéré un évènement grandiose ! Ce jour-là, nous étions censés fêter quelque chose : la mort de mon père. Je n'arrivais pas à comprendre comment ni pourquoi on allait fêter ça, comme si c'était une bonne chose ! Ma mère préférait dire que c'était pour qu'on ne l'oublie pas... Deux ans qu'il nous avait quitté et je n'avais toujours pas réussi à me remettre. Je soupçonnais ma mère de faire ce repas pour placer la fatidique phrase "Et toi, comment tu vas ?". J'étais fille unique, le cadeau aussi inattendu qu'inespéré. Il n'y avait eu ni problèmes, ni crises ni rien. Ma vie s'était déroulée tranquillement, j'avais été l'une des gamines les plus rêveuses qu'il puisse exister. Toute ma vie avait sombré quand mon père nous a lâché, cet idiot... Avec ma mère, on avait encore besoin de lui. Surtout elle en fait, il était son rayon de soleil personnel. J'ai toujours eu des relations tendues avec ma maman, elle voyait d'un mauvais oeil mon imagination débordante et craignait qu'un jour je n'en sois victime. Voilà deux ans que mon imagination se limitait aux techniques d'évasions, aux fugues potentielles, aux moyens d'amadouer ma mère et d'éviter une crise. J'avais mis tout mon génie dans cette magnifique entreprise, de plus ma mère possédait une mémoire hors pair et je devais sans cesse changer de stratégie...

Ce soir-là donc, je balayais ma chambre du regard : un mal de tête me prenait et je me sentais plutôt maussade. J'étais censée sortir avec des "amis" seulement mes maux de crâne empiraient et je me voyais mal aller faire la conne. Portant ma main à mon front, je poussai un gémissement sourd et me levai. Ouvrant mes vitres et mes volets, je m'accoudai au rebord de la fenêtre et me mis à regarder les toits de Londres. Nous vivions dans un quartier ni trop riche, ni trop pauvre. Nous faisions partie de la population moyenne, impossible de nous différencier de nos voisins : tout était banal. Et ça me rendait malade de me retrouver coincé dans ce... Corps ! Qu'aurais-je donné pour être un oiseau et m'envoler au loin ? J'entendis la porte de ma chambre s'ouvrir derrière moi, devinant que ma mère passait sa tête dans l'ouverture.

« Chérie... J'ai Marc qui vient de m'appeler, Marc, tu te souviens de Marc non ? Et bien... Euh... Il m'invite à dîner. Oh mais tu sais je peux rester avec toi si tu veux hein... »
« C'est bon maman, t'en fais pas pour moi de doute façon j'ai pas faim. Tu lui passeras le bonjour. »
« Tu es sûre que tout va bien ? Tu m'as l'air un peu malade et... »
« Ça va j'te dis ! Je peux me débrouiller toute seule. Bonne soirée. »

Elle murmura quelques paroles et claqua la porte. Je poussai un soupir de haine contre moi-même : comment pouvais-je croire que j'étais la seule à souffrir de cette perte ? Enfouissant mon visage dans mes bras, je laissai les larmes couler le long de mon visage en priant pour que tout redevienne comme avant... Je ne demandai pas grand chose, juste qu'on me rende une petite parcelle du bonheur que la mort de mon père m'avait enlevé. Le mal de crâne s'accentua, mes membres étaient lourds et je peinais à garder les paupières ouvertes. Me relevant, je fermai les volets et m'étalai sur mon lit, sans prendre la peine de me changer. Je me roulai en boule dans mes draps et observai ma chambre devenue toute floue par les larmes qui noyaient mon visage... Puis une impression de lourdeur me prit et je fermai les yeux, fatiguée et harassée. C'était ma dernière nuit en tant qu'humaine. J'ignorais alors que je ne reverrais plus jamais ma mère, que toute ma vie venait de prendre un tournant extraordinaire. Je rêvais d'être un oiseau... Pas un cheval.

CARACTERE Il y a deux partis de ma vie humaine... L'avant et l'après. Jusqu'à mes 14 ans, j'étais une jeune fille amusante, débordante de vie, toujours partante pour des bêtises et des escapades dangereuses. Je n'avais aucun sens de la vie, je vivais au jour le jour, découchais, ne craignais pas les foudres de ma mère. Fille unique, nous étions très proches mon père, ma mère et moi. Bien que joyeuse, je détestais parler de mes problèmes. J'avais du mal à m'intégrer, mon impulsivité me portait parfois préjudices. Adepte des couleurs et des grands espaces, j'avais l'âme d'un animal sauvage. J'adorais partir en voyage, je dessinais des choses banales. Musicienne de passage, artiste en coup de vent, je touchais à tout. Je me débrouillais toujours pour m'attirer des ennuis. J'étais aussi un peu torturée sur les bords, je savais reconnaître quand une situation allait tourner à mon désavantage mais jamais je n'abandonnais. Tête de mule, je refusais de me soumettre aux règles et inventais les miennes. Et par dessus tout, je débordais d'imagination. A tel point que, jusqu'à mes 8 ans, je rendais mes parents fous. Je m'imaginais un monde, j'étais tellement certaine d'y être que j'arrivais à me retrouver au milieu de fées. Évidemment avec un caractère pareil c'était dur de travailler en cours. Mon père a été celui qui m'a toujours supporté dans mes choix, il allait jouer avec moi dans le jardin, me portait sur son dos pendant des kilomètres, juste pour que je m'imagine à le conquête d'un autre monde... Tout était si parfait, si merveilleux. L'innocence d'un enfant est la chose la plus belle qu'il puisse exister dans ce monde sombre. Et puis tout devint noir, tout s'écroula... Le goût de la liberté prit un goût amer dans ma bouche, jusqu'à me faire vomir de dégoût. Mon père nous quitta à l'aube de mes 14 ans, emporté par une crise cardiaque. Depuis ce jour, tout devint gris en moi. Je dérapai, glissai sur l'horreur de la réalité et me mis à chuter. Je perdis toute notion de limites et mon impulsivité se mua en agressivité, je devenais aussi froide que méchante. Quand à ma mère, nos conversations étaient si vides que nous préférions nous éviter. Le monde avait perdu de ses couleurs, je ne voyais plus rien. Une dépression ? Disons que la mort ou la vie ne m'intéressait ni l'une ni l'autre. Tout se perdait, se confondait, se mélangeait en moi... Je devins renfermée sur moi-même, trouvant refuge dans des défis débiles que je me lançais toute seule : et si tu sautais du haut d'un pont ? Courir le plus loin possible en quelques heures, recommencer pour se surpasser... Le rêve était devenu cauchemar, c'est terrible de ne plus pouvoir se réveiller.

PHYSIQUE Plutôt petite, je portais fièrement ma chevelure. Vous voyez les pub pour les shampoings ? Et bien j'avais les mêmes cheveux que ces mannequins pourraient d'effets spéciaux. Les cheveux noir ébène au reflet plus clair, ils tombaient en des boucles régulières dans mon dos, comme une cascade... Les yeux verts, la peau pâle, lorsque je souriais on avait l'impression d'apercevoir un petit arc-en-ciel. J'ai finis par arrêter de sourire, la cruauté des hommes m'en a apprit assez pour savoir qu'il faut conserver les plus belles choses. J'étais fine, voir maigrichonne et, puisqu'on ne peut pas tout avoir, je n'avais strictement aucune poitrine. Autant le dire clairement non ? Lorsque je me déplaçais on avait l'impression que le vent me contournait pour ne pas m'effleurer. Je faisais partie de ces filles dont on se fiche du caractère et dont on ne regarde que le physique. Au début plutôt fière d'être faite ainsi, j'aimais mettre des habits qui me mettaient en valeur. Puis avec le temps, j'ai opté pour les gros pull large, les pantalons qui ne soulignent aucune forme, pour mes cheveux attachés et tirés en queue de cheval. Je baissais les yeux pour ne pas qu'on intercepte les deux émeraudes brillantes d'un regard déplacé. Quand je me suis mise à cacher mon corps, je me suis rendue compte que tout tournait autour de mon physique. Je me suis retrouvée... Seule.

PHYSIQUE Détaillé Si sous ma forme humaine j'attirais l'attention par mon physique, aujourd'hui je suis plus du genre "à tout épreuve". Je mesure environ 1m50 au garrot, ce qui en soit me convient plutôt bien. Mes jambes sont puissantes, musclées et me permettent de traverser des étendues au terrain instable sans problème. Légèrement trapue, une encolure plutôt courte mais agréablement musclée, je suis d'une robe pie noir. J'aime ces couleurs, ça me rappelle le contraste entre mes deux vies... Une crinière emmêlées, claquant au vent en rythme avec ma queue, sous ma nouvelle forme j'ai une endurance hors pair. Je suis d'ailleurs meilleure sur les longues distances que sur les courtes distances. Mon dos est bref, ma croupe et mon garrot peu prononcés, je suis donc du genre passe-partout, le genre de cheval qu'on remarque au loin mais qui n'attire pas l'oeil... L'oeil vif, le chanfrein droit, j'ai souvent les naseau dilatés. Après tout, ma nouvelle vie me rend tellement méfiante du monde extérieur que j'en oublie presque de dormir. Je fais de mon mieux pour contrôler ce nouveau corps, mais c'est tellement plus difficile sans les mains... Quand à mes sabots, et bien ils remplacent mes meilleures chaussures : durs et adaptés au tout-terrain, je sais que je ne crains rien venant du dessous. Ma meilleure défense pour le moment, c'est de ne jamais rester au même endroit et de ne pas attirer l'attention sur moi. Avec de la chance, ce n'est qu'un mauvais rêve.