Il galopait furieusement, ses sabots martelant le sol à une vitesse foudroyante. Ses naseaux frémissaient, et sa robe était recouverte d'une fine pellicule de sueur. Il galopait à en perdre haleine, sans se soucier de l'endroit où il se dirigeait. Sans se soucier du temps, de l'heure, de la vie. Son coeur aux battements désordonnés tambourinait dans ses oreilles. Il s'arrêta brusquement, faisant rouler du sable et des galets. Il renâcla, épuisé. Il avait l'encolure arquée, et son museau touchait presque son poitrail. Le vent soufflait légèrement, et les crins de Remember Me dansaient avec la brise, créant une chorégraphie complexe pleine d'enchevêtrements et d'harmonie. Il avança avec cette même furie et plongea dans le lac. La fraîcheur qui pénétra son corps lui fit pousser un cri surpris. Bizarrement, ce soir-là, il avait l'impression de souffrir comme jamais il avait souffert. Quelque chose en lui faisait qu'il éprouvait un manque cruel douloureux. Il ferma les yeux et s'allongea sur la berge, son corps créant une barrière entre le néant de l'eau et le sable. Une odeur équine de jument chatouillait ses naseaux. Mais il s'en fichait. Peu lui importait les autres, ce soir-là. Alors Remember se recroquevilla, éperdu.