▬ Miroir, miroir magique... Un sourire bref illumine ses traits tirés. Ça y est ; il est arrivé. Un regard bref autour de lui l'assure que l'endroit est tranquille. Une seule pensée le domine ; Life Horse, me voici. Il arrive pour la première fois sur ces terres, il semble être seul et un seul désir le fait vivre et l'anime. Ce désir se nomme Perfect Smile. Elle est seule à posséder son âme, elle est seule à pouvoir le faire rire en cette période sombre. Il secoue la tête, regarde le ciel dégagé, ce qui est plutôt étonnant en ce mois de Décembre. Le froid rend les poils de sa robe électriques, il a les nerfs à fleur de peau. Satan sait parfaitement qu'il n'a qu'une chance sur des milliers pour la retrouver et la faire sienne. Mais une chance est mieux qu'aucune. Le grand noir ne peut s'empêcher d'espérer, malgré tout. Il semble heureux. Semble seulement, car il sait bien que se berçer d'illusions l'achèvera. Mais il s'en fiche, il ne souhaite qu'une chose ; revoir son sourire, entendre son rire, se laisser transporter par ses crins et sa robe dorée. Ses sabots foulent l'herbe, qui se plie sous son passage. L'eau chatoie comme un bon présage sur sa droite. Le mâle tourne la tête dans cette direction. Il sent le vent qui lui caresse doucement le visage, lui apportant les effluves d'une onde toute proche, désirable. Le noir s'approche. Le contact glacé ne le décourage pas. Il est comme attiré par ce miroir resplendissant. Son corps s'enfonce en ces eaux mystérieuses avec une répugnance visible ; le courant est glacial. Mais son cerveau tout entier est accaparé par quelque chose qui l'attire irrémédiablement ; là-bas. Mais un bruit dans son dos stoppe son avancée. Il s'arrête, se retourne. Ses yeux s'agrandissent et un sourire se dessine sur ses lèvres.

▬ Tu m'insufles la vie et une raison de la poursuivre... Il a à peine le temps de se retourner. Leurs regards se croisent et s'illuminent simultanément. Son coeur s'emballe, son corps s'enflamme. Elle démarre au quart de tour, part dans son galop rapide et aux petites foulées. Le sol file sous ses sabots et en un instant elle le rejoint dans une gerbe d'éclaboussures. Le grand noir ne sent même plus la morsure du froid. Elle hurle son nom. Un sourire éclaire le visage du mâle. Et il demande bêtement, comme s'il doutait encore que ce fusse bien elle. « Perfect Smile ? » Puis d'un seul regard il balaye le doute et l'image de l'alezane devient omniprésente dans son cerveau, il n'existe plus qu'elle. « PERFECT ! » Son coeur s'emballe et il secoue la tête, envoyant des centaines, peut-être des milliers de goutelettes sur la jument. Il danse presque sur place dans l'eau froide qui le mouille jusqu'au poitrail. Comme s'ils n'avaient jamais été séparés, il lui lance un regard en coin et lui tiraille ses mèches flamboyantes du bout des dents avec un sourire. Ses mâchoires se dessèrent, il lâche prise au bout de quelques minutes et constate le pitoyable état dans lequel son indispensable se trouve. Ses côtes saillent presque, son poil est terne mais ses yeux brillent toujours de cette vivacité qu'il leur conaissaient. Le noir hausse un sourcil étonné et inquiet avant de pousser de ses naseaux ceux de la jument, avec une douceur infinie en la couvant d'un regard doux et triste.

▬ Mais je ne vends rien ; je te donne tout ce que j'ai à t'offrir. Il regarde la jument alezane s'enfoncer encore un peu plus dans l'eau gelée. L'étalon la suivit et se fit gratifier d'une délicate morsure à l'oreille que la jument mordillait avec une certaine malice. Elle avait décelée l'inquiétude dans son regard mais il suffit d'à-peine deux mots pour qu'elle le rassure. « Je vais bien. » Il était rassuré mais fit comme s'il restait dubitatif sur la question. « Tu es sûre ? Car ton état dément tes propos... » Ils se regardèrent, comme si rien ne les avait jamais séparés. « Ca fait longtemps. » Le noir hocha la tête avec un mouvement d'approbation, rien de plus. Il plongea ensuite ses naseaux dans l'eau fraiche qui ne lui semblait plus froide et but quelques gorgées avec une avidité croissante. Il s'ébroue, envoyant valser l'eau qui était imbibée dans sa robe immaculée. Le mâle plonge à nouveau son regard ténébreux dans celui de l'alezane. Il ressent leurs iris et leurs pupilles qui se croisent et s'entrechoquent. Comment était-il possible qu'ils se soient voilé la face si longtemps ? Pourquoi avait-il choisit South Lips et elle Delimited Country ? Il se posait ces questions depuis pas mal de temps et ne parvenait pas à trouver des réponses. Il avait l'impression de tourner en rond, éternellement.

[ J'enrage ; j'ai une rade d'inspiration qui veut pas sortir TT ]

▬ Même le Paradis ne saurait être aussi beau. Ses pensées dérivent à son ancienne vie, à South Lips et à son premier fils au même rythme que son regard parcourt le regard gracile de la chatoyante alezane. Un sourire amuse ses traits lorsque sa mémoire lui remontre les images de leur première rencontre. Leur regard charmeur, délivré de tous les problèmes qui s'étaient ensuivis. « Promets, jure qu'on ne se perdra plus. T'avoir loin de moi est bien trop douloureux. » Ces paroles interrompent sa rêverie avec douceur. Il se perd dans les méandres du regard de la jument. Elle avait le pouvoir de pouvoir lui faire dire n'importe quoi. « Je jure. » dit-il avec une douceur infinie. Puis le grand noir voulut faire renaître l'insouciance des premiers jours. D'un bon leste et souple, il s'écarta brusquement de l'alezane avec un sourire en coin. Il secoua sa crinière noire avec vigueur et lança un regard charmeur à Perfect Smile. La magie des débuts jaillissait à nouveau en lui comme un torrent trop longtemps asséché. Dans une courbette gracile, il s'inclina presque jusqu'au sol devant la belle alezane. Lorsqu'il se releva presque aussitôt, le regard sombre du mâle pétillait de malice. Son sourire presque moqueur et un brin charmeur lui donnaient un air attendrissant et ses paroles s'élevèrent dans l'air, un soupçon d'ironie perçant dans son ton. « Offrez-moi l'immense honneur de m'accorder une marche en votre compagnie, belle Demoiselle. »

▬ Éloignons-nous de ces gens biens dociles, écartons les pensées futiles. Satan s'était douté et était sûr que la jument se prêterais au jeu. Il secoua sa crinière noir avec fougue en ne la quitta plus des yeux. Un sourire charmeur se dessina sur ses lèvres sèches lorsque les paroles de l'alezane enflammée parvinrent à ses oreilles. « Avec grande joie, monsieur...? » Un haussement de sourcils suivit d'une révérence profondément exagérée attisèrent le feu brûlant du mâle. « Monsieur votre chevalier servant, gente dame. » Un large sourire l'éclaira lorsqu'il s'écarta de quelques pas. Ses yeux pétillaient de malice. Tromper l'ennui, tromper le flot furieux qui s'engouffrait en lui lorsqu'il croisait son regard, tromper tout cela par un jeu, afin de rester proches et pourtant si éloignés. Il secoua à nouveau la tête, chassant ces pensées contradictoires qui l'assaillaient comme par enchantement. Car oui, près d'elle sa vie était un monde merveilleux et enchanteur...