~ A chacun son heure, à chacun ses peines, à chacun ses joies. Winter redressa la tête, s'habituant peu à peu a ce nouveau corps. Cela faisait deja deux nuits, mais elle n'en était pas vraiment sure. Comment compter, comment savoir, l'heure qu'il était. Relevant l'encolure, elle devina qu'il devait etre la fin de matiné. Mais l'heure ? Les minutes ? Les secondes ? Des reflexes humains qui ne semblaient pas vouloir partir. Elle huma l'air doucement, et avança, dans l'espoir de rencontrer enfin du monde, d'avoir des réponses à ses questions. Pouvait-elle parler ? Elle esperait, mais gardait les lèvres closes pour le moment.
Un grondement sourd vint à ses oreilles alors qu'elle marchait. Son ventre. Elle commençait à sentir celui-ci se languir d'un bon repas. Sa demarche peu gracieuse, car elle n'était pas encore tout à fait habitué à marcher sur quatre pattes, l'emmena dans un vaste champ...rouge. Oui, rouge. Elle se stoppa nette, admirant le paysage presque qu'irrealiste. Des milliers de coquelicots, des papillons, des lapins, du soleil. Elle se sentait soudainement bien. Soulagée, comem si ce petit coin de paradis eut suffit à l'apaiser de toutes ses craintes.
Elle esquissa un sourire et secoua la tête, appreciant simplement la brise qui soufflait. Tiens, un drôle d'odeur ?

Bucksin dream in foolish spirits.

Pàvel, gueule en l'air et l'air de rien, freine sa course au cœur de voltes de fleurs. Gerbillages incessants, elle avance. Drôles de fragrances qui se suivent et s'opposent, douces choses innocentes qui effleurent ses naseaux pâles. Ses yeux clairs défient la luminosité qui s'accroit sans cesse depuis la levée du jour. L'astre monte à son zénith oxydant dans un cercle infernal qui l'emmène à sa chute quotidienne. Il brule à chaque cycle de revenir, il surpasse ses décisions répétitives et n'oublie jamais son heure. Les yeux de la jument lui brulent; aussi fort que le froid du dehors qui enivre, que l'odeur entêtante des coquelicots fumés, que le sucré de la sève d'un cèdre au lointain. Elle sourit au jaune d'or qui illumine le ciel. Elle s'arrête au parfum d'une Autre. Nouvelle chose, qu'elle aperçoit, presque boitant, dans une démarche qui se voudrait gracieuse.

Nouvelle proie de ses délires; acide.

~ Tout est dans la tête, rien est au parraitre. La jument chercha d'où venait le parfum etrange. Instinctivement, elle savait qu'il n'était pas celui d'une fleur, d'un arbre ou d'une herbe voisine. Elle tourna sur elle même et manqua de tomber une nouvelle fois. Elle lacha un soupire, et tenta de reprendre son equilibre. L'arabe arqua alors un 'sourcil', en disinguant une masse pâle tout près d'elle. Tout se fit automatiquement. La jument tendit l'encolure pour humer davantage le parfum qui emanait de l'autre equidé. Ses oreilles se dressèrent vers l'avant, dans l'attente d'un geste ? Elle ne savait point comment reagir face à cet etre qui était en un sens comme elle. Par peur de commètre une betise qui la ferait paser pour une ignorante, bien que ce soit ce qu'elle était dans ce domaine, elle se tut et attendit. Le regard curieux posé sur l'autre.

~ I just wanna dance, i don't really care ♪ La petite arabe fixa l'autre. Bizarre, simplement. Il y avait une drôle de lueur dans ses yeux qu'elle ne reconnaissait pas. Surement parce qu'elle n'était pas comme elle. Cela faisait bien deux jours qu'elle était ainsi, et elle ne s'etait pas encore bien habitué a tout. Elle pensait encore qu'un beau jour elle se reveillerait et qu'elle retrouverait son corps.
Alors que l'autre c'était approché, Winette l'examinait. Ce corps, cette odeur, ces dents, ces gestes. Aucun mot, peut etre qu'il ne fallait pas parler ?
Winette baissa l'encolure doucement. Quelques crins clairs lui tombèrent devant les yeux. Elle entrouvrit les lèvres et forca sur ce qu'elle pensait etre sa voix, tout au fond de sa gorge. Elle toussa, et parvint à sortir un soupire très bas. Elle redressa la tète, convaincus qu'en plus d'avoir perdu sa famille, ses amis, sa musique, son corps, sa vie, elle avait aussi perdu sa voix. Elle en oublia presque l'etre à coté d'elle. Elle plissa les yeux, souhaitant examiner d'un peu plus pres ce qui semblait etre une jument. Bizarre. Un peu molle, soit disant.

(Ah ? Moi j'aime ton rp, c'est trop...SPECIAL, j'adore )
~ You bring me up, bring me down, playing sweet, make me move like a freek ♪ La petite attendit, suivant du regard encore la pâle. Celle-ci baissa l'encolure, feintant de brouter. Puis en quelques secondes elle se trouva juste devant elle. Winette sursauta et se recula. Un frisson lui parcourru l'echine, elle pouvait bien dinstinguer cette lueur inconnue dans ses prunelles. Puis, doucement, sa voix monta. La jument poussa un cri suraigüe. Une voix, ou ça ? Voyant le sourire geant de l'autre, elle imagina que la voix venait de la jument en façe d'elle. Et le pire, c'etait qu'elle n'avait rien compris de ce qu'elle avait dit.
Quelques secondes plus tard, elle semblait absorber par quelque chose dans le ciel. L'arabe la fixa, hébetté. Cette chose devant elle l'avait surpris, savait parler, et se deconcentrait plus vite que son ombre. Winette toussa de nouveau, manquant de s'etouffer avec sa salive. Elle deglutit peiniblement. Si l'autre savait parler, pourquoi pas elle ? Elle força de nouveau sur sa gorge, et parvint a pousser un petit couinement. Après maintes reprises et sons bizarres, elle finit par se racler la gorge, et lacher, enfin, d'un simple murmure ' p*tain, enfin ! ' Elle jura. Fière d'elle, bien que sa voix restait très basse, comme si celle-ci avait dormis pendant quelques siecles, elle releva la tête et fixa de nouveau l'etre en face d'elle. En la voyant admirer je-ne-sais-quoi, Winette perdis toute la joie du à sa reussite, et se retrouva de nouveau intrigué. Elle toussa, cette fois exprès comme pour attirer l'attention de l'autre. Elle ne parla point, ayant peur de briser sa nouvelle voix qui semblait fragile. On aurait dit une enfant, cette jument. Allait-elle une nouvelle fois lui bondir dessus ?

Backin' error.

Rien de spécial dans cette anarchie écumante. Elle est étrange, la petite, étrange-étrange. Sa mère, se souvenait Pàvel - par intermittences, avait souvent rencontré certains énergumènes aux réponses et conversations variées. Petites ou grandes choses, inquisitrices, rebelles, affolées, ou amorphes, elle avait de l'expression de son vécu - signifiant - jamais parlé d'autres choses. Mais aussi étrange cette pensée fut-elle, la coloration du ciel se faisait plus pressante, enorgueillissant son observatrice. telle qu'elle se désignait aimablement.

Elle sentait le regard interrogatif de la petite jument aux formes arabisées, frisson léger qui ondulait l'air sans témoins. Ses prunelles bleues arrondirent l'atmosphère et redescendirent poliment au visage emprunté en sursit.

- Je vous conseille vivement de forcer un peu plus sur vos cordes vocales, que le son - aussi fin et délicat puisse-t-il être -, parvienne à ma conscience.

Pàvel ponctua ses vœux d'un sourire facile. Elle ne réduit rien à l'attention qu'elle donnait à son interlocutrice, ou plutôt à cette frêle présence transparente. Et préféra essayer de deviner l'intrinsèque déchirement du paysage qui s'étalait derrière elle. Elle imagina avec délices quelles pouvaient êtres les formes et les couleurs, en somme les parures différentes que la Nature produisait en ce moment même et en cet espace exacte qu'occultait la forme élégante de la fluette femelle.

- Cela vous dérangerait de décaler par un endroit comme par un autre, vos reins creux. J'ai à sentir la lumière bruler ma rétine.

Nouveau sourire, nouvelle dissension et son œil froid diverge sans convenances.

~ Who's that chick ? Elle ne rêvait pas, l'autre avait bien parler. Elle avait vu ses lèvres bouger. Elle entrouvrit la bouche, et chercha que repondre. Elle parlait d'une manière très speciale. Même lorsqu'elle était humaine elle n'avait pas entendu ce genre de language. Cela ressemblait aux paroles soutenues et incomprehensibles qu'elle avait lu dans des extraits d'oeuvres de theatre.
En gros, elle lui demandait gentillement de parler plus fort et de se pousser ? Winette se decala donc sur la droite, ne sachant vraiment quoi faire. Elle tenta de comprendre pourquoi elle restait fixé sur le paysage - certe magnifique.
Winette força donc sur ça voix, et lacha. ' Pardon, je ne voulais pas te gacher le paysage ' Elle était maintenant sure d'etre dans un rêve : elle parlait avec un cheval ! Et elle s'excusait, en plus.
Elle se recula un peu plus, s'eloigant de quelques metres de la jument, ne souhaitant point l'importuner davantage. Elle preferait beaucoup mieux l'observer de loin, voir ses manies et ses gestes peu habituels.

~ Too cold for you to keep her L'autre sembla chercher ses mots. « Tu ne gâches rien. Ta densité corporelle empêche ma cornée d'arriver à percer, avec limpidité les arcanes des argémones. Cela dit ta robe terne amuse les contrastes ... Qu'est est ton nom ? » Son nom. Un nom était une chose, une courte melodie, une simple symphonie precise qui nous definissait. Des mots, ses sons, qui aidait les autres à se rappeller de nous, à nous appeller. Un nom. Elle aurait repondu sans hesitaton Gaëlle Winter. Malheuresement dans ce rêve qui ne semblait plus vraiment en etre un, elle ne pouvait pas dire ce nom. C'était ainsi, elle ne se sentait pas la force de garder cette melodie pour nom. Elle preferait simplement se faire appellez Winter. Ca lui était venu comme ça, intuition ou hasard, peu importait.
Le regard bas, perdu dans l'étendu rougeatre, elle sembla hesité encore. Et si cela était la solution ? Et s'il lui suffisait de repeter son prenom, son nom, sa symphonie pour etre libre ? Pour sortir de cet endroit bizarre, et pour ne plus mener la conversation à cet etre sortit tout droit d'autre part.
Néanmoins elle s'avança jusqu'a la femelle et, les prunelles toujours fixés dans le vide, elle sortit douloureusement. ' Winter ' Il ne lui venait pas à l'esprit de demander son nom à un animal, mais néamoins elle le fit. ' Et toi ? '
Elle revitn doucement à la realité, tournant son regard sur elle et s'attendant à un nom tout à fait originale..

Monster inveillin'

Pas que ça à dire, pas que ça à faire. Trop de sourires confrontés qui s'écartent et se meurent. Elle relève la tête, à l'attente d'un son, ou d'autre. De tardifs moineaux se baignent dans les coquelicots transits. Quelle idée que de faire pousser pareilles fleurs en ce temps ? Une idée déséquilibrée, un petit insecte d'absurdité. Une vague passe, un temps de poussières, un cadavre emplumé le long d'un chemin sablonneux. Petite magie qui s'évade. Pàvel absorbe et ingurgite chaque chose comme nouvelle; à l'instar d'un jeune émerveillé de quelques jours naissant. Parce qu'elle est brusque et sauvage, ailleurs et dans un autre espace (temps). (...)

- Comme la neige est vivace ! Chaque année elle ... récidive.

Winter, hiver sans doute. aussi brillante que la neige. Elle brule les yeux la petite, dans la lumière ambiante. Pàvel balance sa tête et son encolure. Le froid lui vrille le dos. Vitriole éternel; hiatus d'aperceptions.

- Dolorès Pavœlia, Pàvel en somme. Certes pas aussi fin et caracolant que le votre, mais il garde sa valeur. Ou peut-être pas ... Comme juste une image, une façade avide qui tournoie et se pose à l'ouïe du monde. Je n'ai pas d'avis là-dessus.

Elle reprend sa marche en s'invitant plus vivement à l'intérieur de la prairie écarlate.

~ To hot for you to leave her. L'autre parla. La neige, son grand bonheur. Elle esquissa un autre sourire nais, revoyant devant elle un peu de son passé.

--- La blondinette courrait, ses boots ecrasant la couche mollatre dans un bruit sourd. Son visage enfantin emmitouflé dans une grosse echarpe, ses boucles claires l'encadrant bien qu'elles soient cachées sous un epais bonnet. Gaëlle resserra les pans de son manteau et continua sa course poursuite.
- Attends moi, Gaby, attends !
Elle criait. Une voix vive et ponctuée d'un rire qu'elle avait du mal à contenir. C'était toujours ça lorsqu'il neigeait. Les bus ne pouvant passer, le lycée fermait et ainsi, on donnait rendez vous à ses amis pour une bonne apres midi. L'autre bruns devant, son meilleur ami, se stoppa alors. Pliant ses genoux, ses mains posées dessus, il respirait bruyement en tentant de reprendre son souffle. Il avait le même sourire emerveillé que Gaëlle. Celle-ci le rejoignit en trottinant, manquant plus d'une fois de finir la tête enfoncé dans un tas de neige voisin.
- T'es lente quand tu t'y met.
- Je sais, je sais. Et si ça te va pas, t'as que me trainer !
- J'ai une bien meilleure idée...
En effet, le jeune homme trainait derrière lui une grande luge rouge. Il eut un rire qui provoqua un epais nuage de fumée dans l'air. Il partit chez lui (à deux pas d'ici) et revint avec un gros chien. Gaëlle eclata de rire comprenant aisement l'idée. Le gros bouvier bernois en voyant la jeune fille jappa joyeusement. elle le salua d'une carese amicale sur la tête, tandis que son maitre accrochait sa laisse à la luge. Il s'installa ensuite dans le truc rouge et invita la blonde à ce caller elle aussi. Elle s'assis donc entre les jambes de son ami, et se cramponna aux rebords de la luge.
- Je sens qu'on va bien se peter la gueule !
- Tu rigole la route est deserte et bien glissante.
- Je parlais pour ton chien..
- Mais non il a l'habitude, regarde. *siffle* Daïko ? Aller vas y !
Le chien jappa de nouveau et s'elança comme un fou droit devant lui, entrainant les deux jeunes.
Ca c'était bon. ---

La jument baissa la tête. Comme tout cela lui manquait, sa famille, ses amis, son lycée. Mais heuresement, la neige était toujours là. Le froid s'etait impreniée d'elle a cause de son immobilité constante, et elle suivit donc la jument dans sa marche à travers les fleurs. Elle demanda, trouvant le vouvoiement plus adapté etant donné qu'elle l'avait elle aussi empreinté.
' Et que signifit votre nom, mot à mot ? '

~ Pluie, pluie, pluie va t-en. On n'veux pas de mauvais temps. La blanche ecouta attentivement Pavèl. Elle leva aussi la tête ; un ciel tenebreux et quelques flocons. On sentait bien ici que l'hiver était là. Winette laissa ses membres s'engourdir dans le froid. Elle inspira un bon coup, l'air frais lui gelant les poumons, picotant son interrieur. Elle lança un regard à l'autre et demanda, avec un petit soupçon de curiosité. ' Aesther ? C'est votre mère ? '
Sa mère. Winette revoyait parfaitement la femme mure et blonde qu'était sa mère, dans ses tailleurs gris ou ivoire. Le stereotype de la mère qui travaille et qui a une bonne situation. Winter soupira encore. Sa vue se troublait doucement alors que la temperature baissait.